CATHERINE DIVERRÈS
« La conscience, la relation à autrui, c’est ce qui fait le temps » xx répète à l’envi Catherine Diverrès, depuis son premier opus chorégraphique. Étrange météore qui fait son apparition dans le paysage de la danse contemporaine au milieu des années 80, d’emblée Catherine Diverrès se démarque, tournant le dos aux conceptions de la danse postmoderne américaine qui domine, et du vocabulaire classique à la base de sa formation. Comme d’autres chorégraphes de sa génération, elle crée sa propre langue, invente un univers. Instance, première pièce créée en duo avec Bernardo Montet à la suite d’une rencontre avec l’un des maîtres du butô, Kazuo Ohno, est emblématique de cette démarche qui se tient résolument à l’écart des modes et développe une poétique singulière. Le parcours de Catherine Diverrès est jalonné de pièces aux visions fulgurantes, aux partis pris polémiques. Il y a dans son travail un quelque chose qui s’approche de « l’infini turbulent » dont traite le poète Henri Michaux. Mélancolie, sentiment tragique, approche du vide, abstraction, la chorégraphe avance sur des chemins escarpés. Une profonde intériorité anime sa danse qui se déploie dans le raffinement d’une gestuelle nerveuse et vibratile. Au fil du temps, Catherine Diverrès a créé une œuvre qui comprend une vingtaine de pièces hantées par des états de conscience, des corps subtils, qui nous parlent d’espace et de temps. Pièces de résistance, qui entrent en résonance avec les grands bouleversements de la vie, ses forces et ses gouffres.
Irène Filiberti