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Tauride

Création 1992

 

 

Chorégraphie Catherine Diverrès

Distribution Luis Ayet-Puigarnau, Thierry Bae, Fabrice Dasse, Catherine Diverrès, Katja Fleig, Olivier Gelpe, Anne Koren, Vera Mantero, Bernardo Montet, Marion Mortureux, Rita Quaglia, Giuseppe Scaramella

Lumières Pierre-Yves Lohier

Musique Fred Frith, musique enregistrée de Beethoven, Schoenberg, Xenakis

Bande son Luis Ayet-Puigarnau, Bernardo Montet, Denis Gambiez

Costumes Cidalia Da Costa, Manon Martin

Scénographie Jean Haas

Cinématographe Teo Hernandez

Durée 1h30′

Production Angers CNDC, Théâtre de la Ville

 

Crédits  Elian Bachini , Tristan Valès, Laurent Philippe

 

 

« J’ai composé une pièce à l’extrême limite pour moi du nommément politique au début de la guerre en ex-Yougoslavie. L’insoutenable passivité du monde, de l’homme, des systèmes, sa récurrence systématique, dans cette actualité immonde et l’urgence d’une intervention, d’une réaction (…) »

 

« Tauride constitue un moment important dans l’itinéraire chorégraphique de Diverrès, le passage des réactions tactiles d’un groupe en état de rêve éveillé (Concertino), à l’instauration d’une sorte de mémoire collective des corps réintégrant l’homme d’aujourd’hui dans l’espace de la tragédie. Le titre même de Tauride cristallise instantanément les références culturelles qui somnolent en chaque spectateur et lui permettent de s’immerger totalement dans un spectacle dont la tension et la beauté ne se relâchent pas. (…). Cette pièce est la concrétisation magistrale des tentatives multiples engagées par de nombreux chorégraphes pour exprimer un climat d’incertitude, de violence, une certaine décadence aussi qui traverse notre fin de siècle. Cette fois, Diverrès a réussi à inscrire le geste dans le théâtre traditionnel qu’elle fait éclater dans une forme originale de haute intensité émotionnelle. L’idée de départ a été de demander à chacun de ses onze danseurs de s’identifier selon ses affinités à un héros de tragédie grecque. Ainsi s’est accumulé un matériau riche, hétérogène. Il a été trié, mis en forme par l’équipe de plateau et monté à la façon d’un film par Diverrès.

Rien de narratif ou de documentaire ne transparaît dans ce travail. Les tableaux qui se succèdent se fondent où se télescopent dans une lumière vineuse, font surgir de nos mémoires des personnages fictifs ou réels saisis dans la violence quotidienne, mais déjà projetés dans une dimension mythologique. Tout le spectacle tire sa force de ce glissement constant entre des comportements évoquant la guerre, les attentats, les tortures, les injustices du monde actuel, recentrés sur le bassin méditerranéen, et leur assimilation à la tragédie d’Eschyle. (…)

On danse beaucoup dans Tauride, on parle aussi beaucoup. La compagnie, sollicitée par une chorégraphie incisive, violente et maîtrisée, est projetée dans un espace habité par les musiques, les paroles enregistrées, les projections de film. (…). Tauride : analyse spectrale d’une époque à bout de souffle, parcouru de bruits de sirène, de galops de chevaux, d’accents beethovéniens, des voix de Jankélévitch, ou de Kazuo Ohno, échappe à l’atomisation grâce à la tragédie d’Eschyle qui lui sert de colonne vertébrale. Elle s’inscrit comme moment essentiel de la création contemporaine. »

Marcelle Michel, in Libération, le mardi 10 Mars 1992.