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Fragment

Création 1989

 

 

« Dans Fragment, le sujet est découpé, déplacé par la lumière, taillé dans du Tchékov ou du Pasolini. C’est un lieu désert d’où surgissent des paquets d’ombres, de mouvements tranchants, d’objets désuets, de gestes délicats. » Catherie Diverrès

 

 

« Fragments, brisures, des fissures de toutes sortes peuplent de longue date tout un pan de la danse contemporaine française.

Dans le geste, un doute permanent qui creuse des obliques, des biais, des réticences. Dans l’espace, la parcellisation. Dans l’histoire dite, un déroutage de toutes les trames narratives, une dislocation des pistes de compréhension. Saisissant pareil sujet, la danse de Diverrès infiltrait ainsi le coeur de ce qui motive la création chorégraphique. Le coeur, or, sa danse est justement toute intérieure, travaillant le corps en profondeur, en épaisseur, le mouvement se faisant la seule amplification des résonances les plus secrètes de l’être. Cela commence avec des pas frottant un sol râpeux. Des solos se croisent sans se rencontrer. Le studio DM est, entre autres, la rencontre de deux gestes. L’un, féminin, est possédé par la courbe, les spirales qui instaurent un dialogue tendu entre le centre du corps et la bordure du mouvement. Cette tension quand elle abandonne les corps, les laisse hébétés, presque soulevés de terre : marches somnambules sur la pointe des pieds, fragiles. L’autre geste, au masculin, se lit dans Fragment, dans cette danse de Montet, attaché court à une corde. Il parle moins de l’enfermement d’un corps que de la force régénérée dans le corps par cet enfermement, de la puissance décuplée par la résistance offerte au mouvement. Ce sont de tels espaces de sensations que traversent les personnages luxuriants, qui les meuvent, les émeuvent. Les corps moirés, hautement civilisés, sont alors pris dans des forces secrètes qui les appellent dans l’espace selon une logique invisible, comme si c’était les pulsions asociales qui régissaient la loi des relations. De quelle étrangeté se teinte un univers où l’on ignore, spectateur, si la douleur qui flotte appartient aux personnages, ou à soi-même. Lorsque apparaissent les statues, moulées sur des corps réels, coupées, tranchées, la conscience se fissure plus profond encore : quelques parcelles de corps ont gardé la capacité de frémir, où commence la chair sur laquelle se glisse la froideur du plâtre. Non que les corps se laissent saisir par le silence de la matière. Plutôt au contraire, la force qui surgit d’eux déborde de façon troublante sur les objets inanimés. »

Isabelle Ginot, janvier 1990.

 

Chorégraphie : Catherine Diverrès

Danseurs : Luis Ayet, Thierry Bae, Fabienne Compet, Catherine Diverrès, Olivier Gelpe, Bernardo Montet, Rita Quaglia, Alain Rigout, Loïc Touze, Mitsuyo Uesugi

Scénographie : Gyula Pauer

Musique : Eiji Nakazawa

Lumières : Pierre-Yves Lohier

Costumes : Cidalia da Costa

Textes dits par Alain Rigout, extraits de : «La confession de saint Augustin, première partie» (texte enregistré) ; «Sermon aux démons, deuxième partie» Bossuet (texte enregistré)

Textes dits par Mitsuyo Uesugi : «Orgie Pasolini».

Production : Orléans.

Fragment se décompose en 2 parties : Fragment 1 et 2

crédits : Agnès Courrault, Anne Nordmann, Geneviève Stephenson, Jean-Gros Abadie

Durée : 1h10′